Colloque historique des 18 et 19 mai 2006 : pourquoi et comment ?

Source : Cin Echo n° 4

Un dialogue entre le général Gilbert Forray, président du Comité français de la route Washington-Rochambeau et Alain de Beaumont, président de la Société des Cincinnati de France.
Propos recueillis par Ch.-Ph. de Vergennes

Général Gilbert Forray : Je voudrai rappeler en préliminaire que le National Park Service américain étudie depuis juin 2002, avec l’autorisation du Congrès, le classement de la route « Washington Rochambeau » en route et site historique national, comme c’est le cas pour le champ de bataille de Yorktown lui-même. Un comité américain a été créé sous le sigle W3R (Washington-Rochambeau Revolutionnary Route). En France, un comité a vu le jour en 2003 et j’en suis alors devenu le président. Aussi dans la perspective du 225e anniversaire de la victoire de Yorktown, une première en matière de concentration stratégique interalliée et interarmées, le combat victorieux de la Chesapeake interdisant à la flotte anglaise de secourir à temps les troupes de Cornwallis, j’ai souhaité marquer 2006 par un événement à portée médiatique. Un colloque paraissait bien répondre à cette attente.

Alain de Beaumont : Cette victoire était en effet le résultat de l’engagement progressif de la France de Louis XVI aux côtés des Insurgents et l’épilogue de la politique d’alliance issue du Traité de 1778 qui s’était traduite par une montée en puissance des moyens militaires, tant navals que terrestres, lancés dans la bataille. C’est ainsi que la France avait contribué de manière décisive au triomphe de l’Indépendance américaine. La société des Cincinnati de France ne pouvait donc que célébrer cet événement de façon éclatante. Ainsi l’organisation d’un colloque historique, l’un des vecteurs de communication retenu dès 2003 par votre société à l’effet d’entretenir les liens d’amitié nés du combat commun mené par les officiers américains et français, lui paraissait parfaitement répondre à l’objectif fixé. Il ne restait plus qu’à le concrétiser.

GF : Les deux entités, le comité français de la route Washington-Rochambeau et la société des Cincinnati, se sont donc immédiatement rapprochés et l’accord fut parfait. Pour résumer, un comité d’organisation était créé qui comprenait deux administrateurs de la société des Cincinnati (Raynald de Choiseul-Praslin et Charles-Philippe de Vergennes) et à titre d’experts scientifiques, deux professeurs de l’Université de Paris-Sorbonne, Philippe Bonnichon et Olivier Chaline. Ce comité déterminait un plan d’action autour de trois axes : définition du programme qui incluait la recherche et le choix des intervenants, établissement d’un budget prévisionnel et recherche de mécénats, le principe étant d’assurer un équilibre absolu entre dépenses prévisibles et financement obtenu, enfin organisation générale et logistique.

AdeB : Notre comité a en effet fonctionné de façon exemplaire et surtout le général Forray a su allier patience et efficacité pour arriver à réunir tous les financements nécessaires à la réalisation du projet. À la fin de l’année 2005, le contenu du colloque était fixé. Les trois demi-journées seraient consacrées chacune à un thème majeur : Objectifs et stratégies en prologue, Les théâtres d’opérations pour situer les évènements avec un rappel des moyens logistiques nécessaires, enfin La victoire et l’après-guerre avant de terminer sur l’aspect financier et économique du conflit tant du côté anglais que du côté français. Le choix des trois présidents de séance ainsi que celui des quinze intervenants, dont quatre américains, un espagnol et un anglais, étaient effectifs.

GF : Il en était de même du financement, ce qui nous permettait de commencer l’année 2006 en finalisant notre organisation qui entrait alors dans un processus opérationnel irréversible. La structure logistique de la société des Cincinnati, le renfort d’une assistante, Isabelle de Wenden, l’allant et la détermination de tous permettaient de faire face aux très nombreuses taches que requiert l’organisation d’un colloque historique international. Sans les énumérer toutes, il faut s’imaginer ce que représente l’envoi des cartons et programmes d’invitation sur la base de listes comportant plus de 1600 noms (après avoir pris soin de supprimer les doublons), les réservations d’hôtel et de billets d’avion pour les intervenants étrangers, la coordination avec les moyens mis à notre disposition par le ministre de la Défense (le prestigieux centre de Conférences maréchal Foch), l’organisation des deux déjeuners à la Rotonde Gabriel et celle du dîner au Sénat, les visites guidées du musée national de la Marine…

AdeB : sans oublier la mise au point du dossier remis à chaque participant qui leur offrait entre autres, une chronologie de la création des États-Unis d’Amérique des origines à 1790, la biographie des principaux protagonistes américains, français, espagnols et anglais, un remarquable dossier cartographique avec le concours déterminant du Service Historique de la Défense (Marine), une fiche sur le potentiel démographique des belligérants et une sur la balance des forces, enfin des éléments de bibliographie.

GF : Tout ceci sans recourir à une société extérieure spécialisée dans l’événementiel, dont les services auraient généré une charge supplémentaire sans apporter une véritable plus-value. Une allocation des moyens optimisée donc pour un résultat qui a été à la hauteur de nos efforts et de l’énergie déployée.

AdeB : Le résultat a en effet été au rendez-vous. Tant la qualité des différentes communications présentées, leur richesse et leur originalité, que la mise en perspective ainsi réalisée des hommes et des évènements ont recueilli l’unanimité. Le discours prononcé à la fin de la première journée par Monsieur George Forrest Pragoff, Vice President General of the Society of the Cincinnati, devant un auditoire particulièrement attentif a été également un rappel émouvant de l’amitié franco-américaine née à l’occasion d’une lutte menée en commun et que rien ne saurait entamer. Enfin vous me permettrez, mon général, d’évoquer in fine votre synthèse et ses conclusions magistrales qui ont su rallier tout votre auditoire. Un colloque parfaitement réussi qui après avoir rassemblé plus de 300 participants, fait naître déjà chez certains le désir qu’il ait une suite…

GF : Une perspective séduisante certes mais en attendant, la publication des Actes du Colloque dont la maîtrise d’œuvre est assurée par le Professeur Chaline, permettra à tous ceux qui ont assisté au colloque comme à ceux qui en ont été empêchés et d’une manière générale à tous les historiens qui par goût ou par profession, s’intéressent à l’histoire des États-Unis et de la France, de mieux connaître et apprécier le rôle fondamental que celle-ci a joué au profit de l’Indépendance de ceux-là.